La prière de ‘Hanna : une source d’inspiration

par | Jan 4, 2024 | 4 commentaires

priere de hanna enseignement de bible torah

Le moment de la prière est un moment privilégié de rencontre et de discussion avec l’Éternel.

Le Baal Chem Tov (célèbre rabbin du 18ème siècle), dans son commentaire sur la paracha Noa’h « Le pilier de la prière », explique que « la prière est un moment privilégié où l’être humain peut s’élever au-delà de sa dimension physique pour atteindre un degré d’existence supérieur. » [1]

C’est le moyen de se connecter à Notre Créateur, d’épancher notre âme devant Lui, et cela, ‘Hanna, la mère du prophète Samuel, sut bien le saisir au plus profond de son cœur.

Ce n’est pas pour rien que ‘Hanna représente, dans le judaïsme, une source d’orientation et d’inspiration pour la prière. Elle nous a en effet laissé un exemple significatif sur le caractère de la téfila (prière).

Que pouvons-nous apprendre de la prière de celle qui est considérée comme l’une des sept prophétesses du peuple d’Israël [2] ? Comment atteindre une prière efficace qui transcende le Ciel et élève notre âme ?

Nous vous proposons de répondre à ces questions en décortiquant la prière de ‘Hanna, mère du prophète Chmouel (Samuel), pour nous donner quelques outils qui nous aideront toujours plus à apprécier et ressentir la profondeur de cet attachement, de cette connexion intime avec le Saint Béni soit-Il.

Nous découvrirons alors que beaucoup de points convergent avec les recommandations de Notre Messie Yéchoua (Jésus), Lui-même s’inspirant de la Tradition juive. 

 

1. Savoir à qui on s’adresse

Rabbi Chimon Hatsaddik a enseigné :

« Celui qui prie doit se comporter comme si la Ché’hina (Présence Divine) se trouvait devant lui, ainsi qu’il est écrit : “J’ai placé Hachem devant moi toujours”. (Psaume 16 :8) »

Autrement dit, lorsque nous prions, il faut être conscients devant qui nous nous tenons : devant le Roi des rois !

Par conséquent, prier c’est se connecter à la Source Divine et faire appel à Ses différents attributs : de miséricorde, de justice, de vérité, de puissance, de souveraineté, de sagesse, etc.

Il est essentiel de connaître Celui à qui on s’adresse. Comme vous le savez, il existe différentes manières de nommer D.ieu, selon l’attribut que l’on veut mettre en avant :

Abba = Papa (Bonté)

Adonaï = Maître (Royauté)

Adon Olam = Maître du Monde (Fondation/Royauté)

Avinou = Notre Père (Miséricorde)

El Elyhon = D.ieu Très-Haut (Fondation)

El Shaddaï = D.ieu Tout-Puissant (Puissance)

Elohim = D.ieu (Puissance/Justice)

Elohim Tsévaot = D.ieu des armées (Puissance)

Malkhénou = Notre Roi (Souveraineté)

Ro’è Israël = Protecteur d’Israël (Protection)

Tsour Israël = Rocher d’Israël (Protection/Fondation)

 

Chaque nom attribué à D.ieu est une manière différente dont nous faisons l’expérience de Sa Présence dans nos vies.

En effet, lorsque nous souhaitons évoquer la miséricorde de D.ieu, nous employons le nom approprié. Quand nous Lui demandons d’exercer Sa justice, nous utilisons le nom qui fait appel à cette qualité, etc.

De même, les Prophètes et les Sages, qui ont composé les prières, savaient précisément quels noms utiliser pour ce qui était recherché. C’est précisément ce que la prière de la prophétesse ‘Hanna va nous dévoiler.

‘Hanna était mariée à Elkana qui l’aimait profondément. Malgré les nombreuses années de mariage, ‘Hanna demeurait stérile, elle n’arrivait pas à concevoir.

Elkana épousa une seconde femme, Péninna, qui eut des fils et des filles. Cette dernière s’amusait à narguer ‘Hanna, restée sans enfants, ce qui lui créa beaucoup d’amertume et de tristesse.

Comme chaque année, lors des Chaloch Régalim (les trois fêtes de pèlerinage) [3], Elkana et toute sa famille se rendaient au sanctuaire de Chilo (à cette époque, le Temple n’était pas encore construit).

 ‘Hanna, le cœur meurtri et les yeux remplis de larmes, alla prier au sanctuaire afin d’avoir le mérite d’enfanter.  Elle s’adressa au Maître du Monde en ces termes :

« Éternel des armées! si tu daignes regarder l’affliction de ta servante, si tu te souviens de moi et n’oublies point ta servante, et si tu donnes à ta servante un enfant mâle, je le consacrerai à l’Éternel pour tous les jours de sa vie, et le rasoir ne passera point sur sa tête. » (I Samuel 1 :11)

Dans sa prière, ‘Hanna appelle l’Éternel « Adonaï Tsévaot » (D.ieu des armées). Les Sages font remarquer qu’elle fut la première personne, dans toute la Torah, à employer ce Nom Divin pour s’adresser au Créateur ! Pourquoi avoir fait appel à D.ieu sous ce Nom-là ? Les Sages d’Israël expliquent :

« Elle aurait dit à Hakadoch Baroukh Hou (Le Saint Béni soit-Il) : “De toutes les armées que Tu as créées dans Ton monde, ne peux-Tu pas m’accorder un fils ? Maître du monde, il y a une armée au ciel, et une armée sur terre. Je me demande au juste à laquelle des deux j’appartiens. Si je faisais partie de Ton armée céleste [les anges], je ne devrais ni manger, ni boire, ni enfanter, ni mourir. Je devrais vivre éternellement. Et si j’appartiens à l’armée qui est sur terre [les hommes], je devrais non seulement manger et boire, mais aussi enfanter.” Hachem (D.ieu) l’a alors exaucée en lui répondant : “Tu viens de rappeler la grandeur de Mes armées, Je proclame à Mon tour celle des tiennes, celles que constitueront tes descendants.” » [4]

Depuis la Création du monde jusqu’à cette prière de ‘Hanna, personne n’avait jamais honoré Hachem (D.ieu) en Lui décernant ce titre de « D.ieu des armées » ! ‘Hanna avait compris que Hachem était le Maître de toute Sa Création (des mondes célestes et du monde terrestre), elle lui demanda donc d’être ce « D.ieu Tsévaot », D.ieu des armées, qui a le pouvoir de créer toutes choses.

Rachi (célèbre commentateur juif du Moyen Âge) explique ici que de la même façon que D.ieu a créé les étoiles (armées d’en haut), chacune avec sa spécificité, Il a aussi le pouvoir de transformer le corps de ‘Hanna (armées d’en bas) en lui donnant un enfant.

Plus tard, lorsqu’elle fut exaucée et qu’elle put enfanter son fils premier né, elle adressa une prière de remerciement à Hachem en l’appelant « Tsour » (Rocher) : « Nul n’est saint comme l’Éternel; Il n’y a point d’autre Dieu que toi; Il n’y a point de rocher comme notre Dieu. » (I Samuel 2 :2)

Le terme « tsour » (rocher) vient de la même racine que le mot « tsayar » signifiant « artisan ». ‘Hanna fait référence cette fois-ci au pouvoir créateur de D.ieu : c’est Lui, en effet, L’Artisan qui a permis de façonner Chmouel (Samuel), le fils d’Elkana et de ‘Hanna, dans le ventre maternel !

Notre prophétesse a su faire appel aux différents attributs de D.ieu selon ce qu’elle attendait de Lui. Elle en appela à Sa Miséricorde, à Sa Toute Puissance Créatrice, d’où les termes utilisés « Hachem Tsévaot » (D.ieu des armées) et « Tsour » (Rocher, dans le sens d’« Artisan Suprême »). 

La première leçon donc que nous pouvons en tirer, c’est de bien choisir nos termes lorsque nous prions Hachem. À quels de Ses différents attributs voulons-nous faire appel ? Réfléchissons-y lors de nos prochains « tête-à-tête » avec Notre Créateur. 

C’est pourquoi il est essentiel de connaître le sens des mots que l’on prononce et de ressentir que ces mots sont adressés au Roi élevé et Saint. Il est crucial de bien choisir ses mots et de se concentrer sur eux, car nous nous trouvons devant le Roi des rois, le Juge Suprême qui examine toutes nos pensées et nos intentions.

D’ailleurs, Notre Messie Yéchoua nous conseille : « En priant, ne multipliez pas de vaines paroles, comme les païens, qui s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés. » (Matthieu 6:7)

De même, les Sages enseignent : « Si quelqu’un prolonge sa prière et s’attend donc ainsi à ce qu’elle se réalise, il finira avec une grosse vexation du cœur, comme il est dit, « L’espoir différé rend le cœur malade. » (Talmud Berakhot 55a)

 

2. La prière, un moment d’introspection et d’attachement à D.ieu

Il est intéressant de noter qu’en hébreu, le verbe « prier », qui se dit « leitpalel », provient de la racine « palal » signifiant « juger ».

On apprend ici que la prière est un moment où on se juge soi-même et pense à ce que l’on a véritablement besoin de recevoir du Saint Béni soit-Il et à ce que l’on peut faire pour se rapprocher encore plus de Hachem. C’est un moment d’introspection.

Mais prier c’est aussi demander à D.ieu d’amoindrir Son jugement envers nous afin de le transformer en Miséricorde. 

Le mot « téfila » (prière) peut également signifier « attachement ». C’est une qualité que seul un être humain peut avoir, nulle autre créature ne peut se connecter à l’Éternel de cette manière. La prière consiste en effet en la décision de s’élever au-dessus des soucis quotidiens et de s’attacher à sa source en D.ieu.

Pour revenir à notre héroïne du jour, ‘Hanna a su certainement faire une réelle et profonde introspection en désirant cet enfant : le voulait-elle pour elle ou pour la gloire de l’Éternel ?

Sa prière nous révèle que son désir n’émanait pas d’un coeur égoïste, mais de celui d’une véritable servante qui pense toujours à servir Hachem en premier lieu.

En effet, ‘Hanna ne demanda pas un fils pour assouvir un quelconque besoin maternel, mais elle voulait un fils pour encore mieux glorifier le Saint Béni soit-Il : « Éternel des armées! si tu daignes regarder l’affliction de ta servante, si tu te souviens de moi et n’oublies point ta servante, et si tu donnes à ta servante un enfant mâle, je le consacrerai à l’Éternel pour tous les jours de sa vie, et le rasoir ne passera point sur sa tête. » (I Samuel 1 :11)

Les Sages enseignent que ‘Hanna n’éleva son fils que durant ses deux premières années, le temps de le sevrer. Comme évoqué lors de son vœu, elle confia ensuite son fils, Chmouel (Samuel), alors âgé de deux ans, aux cohanim (prêtres), pour qu’il devienne un grand serviteur de l’Éternel.

Après avoir tant désiré cet enfant, voilà qu’elle doit déjà s’en séparer ! Quelle mère pourrait faire cela, si ce n’est une femme dévouée à Hachem qui lui consacre le fruit de ses entrailles afin qu’il devienne un grand homme qui travaillera pour l’Éternel !

‘Hanna n’avait qu’un seul objectif: être la servante de Hachem ! Sa plus belle récompense fut celle de voir son fils devenir juge et grand prophète sur tout Israël (1 Samuel 7 :15).

Les « choftim » (juges) sont des personnages que Hachem a choisi pour sauver ou délivrer le peuple d’Israël dans des situations difficiles. Le « chofèt » (juge) biblique est par conséquent un chef politique, dont la mission est de protéger et de guider le peuple à la tête duquel il a été placé.

Le juge, en tant qu’intermédiaire entre D.ieu et le peuple, avait aussi pour rôle d’amoindrir le jugement divin envers ses semblables afin de le transformer en Miséricorde divine. On retrouve ici l’une des caractéristiques de la prière, qui comme on l’a vu, provient de la racine « palal » en hébreu signifiant « juger ». 

Pour résumer, l’intention première de ‘Hanna, au travers de sa prière, nous dévoile que quoiqu’on puisse demander à Hachem, ce n’est que dans un but de mieux Le servir ici-bas. Nos prières doivent permettre d’élever notre volonté jusqu’à nous mettre au diapason de la Volonté Divine.

Yéchoua dira : « Non pas ma volonté Père, mais la Tienne » (Luc 22 :42). D’ailleurs, les juifs commencent souvent leur prière par les mots : « Que ce soit l’effet de Ta volonté Père… » afin d’aligner leur volonté à la volonté de D.ieu.

Yéchoua, lorsqu’il enseigna la prière du « Notre Père », dira encore : « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » (Matthieu 6 :10) afin que nous prenions conscience de l’importance de nous mettre en harmonie avec les desseins de D.ieu : « Que tout ce qui a été prévu dans le ciel soit de même sur terre », autrement dit : « Que tout ce que Hachem a décidé se réalise dans nos vies, nos désirs étant en union avec ceux de Notre Créateur. »

 

3. L’intention pure du coeur (kavana)

Dans la Torah, il nous est demandé d’aimer l’Éternel notre D.ieu et de Le servir de tout notre cœur et de toute notre âme (Deutéronome 11 :13). Yéchoua rappellera même que c’est le premier de tous les Commandements (Matthieu 22 :37).

Mais comment aimer et servir Hachem de tout son cœur ? Le Sifri [5] y répond : « C’est la prière, voilà le service du cœur ». En effet, la prière est la manière dont nous pouvons servir le Saint Béni soit-Il avec notre cœur.

C’est pourquoi la concentration est primordiale pour atteindre un état de communion profonde avec Hachem. Cette « concentration », cette « intention du cœur » se dit en hébreu « kavana » dont la racine signifie « direction ». Nous apprenons que la kavana est l’élément qui oriente nos prières dans la bonne direction : celle du Ciel.

L’efficacité d’une prière dépend de l’intensité de la pensée et de la concentration de l’esprit de celui qui prie. Une prière dite avec kavana atteint toujours sa destination. Une prière sans kavana est comme un corps sans âme. En d’autres termes, c’est l’intention du cœur qui va donner à notre prière l’intensité et la profondeur adéquates. 

Pour revenir à la prière de notre prophétesse ‘Hanna, le texte nous dit qu’elle « parla dans son cœur » (I Samuel 1 :13).

À partir de ce verset, la halakha [6] juive stipule que celui qui prie doit concentrer son cœur sur la prière. C’est cette fameuse « kavana » (concentration) du cœur. 

Élie, le grand prêtre, observait ‘Hanna alors qu’elle priait profusément devant D.ieu : « ‘Hanna ne faisait que remuer les lèvres, mais on n’entendait point sa voix. Élie pensa qu’elle était ivre, 14et il lui dit: Jusques à quand seras-tu dans l’ivresse? Fais passer ton vin. 15’Hanna répondit: Non, mon seigneur, je suis une femme qui souffre en son coeur, et je n’ai bu ni vin ni boisson enivrante; mais je répandais mon âme devant l’Éternel. » (I Samuel 1 :13-15)

Devant l’autel, pieds joints, ‘Hanna murmure des paroles inaudibles, les larmes roulent sur son visage si bien qu’Élie, le Cohen Hagadol (grand prêtre), s’agace et lui reproche d’être ivre car elle bougeait les lèvres sans qu’aucun son ne les franchisse.

Dans les lois de la « téfilat Amida », littéralement « prière récitée debout », également nommée « téfilat la’ach » (prière murmurée), que les juifs religieux prononcent trois fois par jour, il est écrit que c’est de la prière de ‘Hanna que nous apprenons qu’il faut prononcer les mots et ne pas donner de la voix, comme elle l’a fait elle-même.

À partir de la prière de ‘Hanna, les Sages en ont déduit les règles halakhiques suivantes sur la prière de la Amida : 

–        Se tenir debout ;

–        Ne pas prier à voix haute, mais murmurer les mots qu’il faudra bien prononcer ;

–        Prier avec intention et concentration du cœur (avec « kavana ») ;

–        Ne pas prier en ayant bu de l’alcool.

Au moment de la prière, nos lèvres forment chaque mot, mais la voix résonne à l’intérieur de nous-même en un dialogue secret et intime avec le Créateur.

En ayant cela en tête, nous comprenons les conseils de Notre Messie Yéchoua sur la prière personnelle du cœur qui doit se faire en toute intimité avec Hachem, c’est le service du cœur qui orientera notre prière au bon endroit : « Quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est là dans le lieu secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. » (Matthieu 6 :6)

La prière du cœur permet de répandre son âme devant D.ieu, en rentrant dans le « lieu silencieux de notre être », là où nous pouvons connaître l’union avec Hachem. 

Comment atteindre cette kavana (concentration du cœur) ? Le rav Hesky Kleinman, dans son livre Prier avec feu : enflammer la puissance de la prière, nous livre quelques conseils, que nous présentons ici brièvement :

–        Prendre le temps de se préparer avant de se mettre à prier : en se donnant un moment de répit et de recueil personnel avant de prier, en trouvant un moment de calme dans la journée où on ne sera pas dérangé, en débarrassant son esprit de toute pensée étrangère, en prenant conscience que l’on est sur le point de se connecter à Hachem, en pensant à l’avance aux sujets que l’on aimerait exposer dans sa prière…

–        Maîtriser le cerveau pendant la prière : en contrôlant les pensées étrangères, en comprenant et en se concentrant sur les mots que l’on va prononcer. 

–        Trouver la joie : en ressentant un profond désir d’être relié à Hachem, en se sentant privilégié de déverser son âme devant le Saint Béni soit-Il, en saisissant l’opportunité de se tenir devant le Roi des rois, Lui qui détient la réponse à tous nos problèmes et qui désire nous bénir…

Tout ne peut être dit dans ces quelques lignes, c’est pourquoi, si le sujet vous intéresse, nous vous conseillons l’ouvrage du rav Hesky Kleinman qui fournit de précieux conseils et exemples pour trouver la bonne kavana (concentration du cœur) au moment de la prière. 

 

4. Prier pour les autres

Enfin, lorsqu’elle fut exaucée, ‘Hanna revint au Sanctuaire pour adresser un sacrifice et une prière de remerciement à Hachem. Cette fois-ci, sa téfila (prière) n’est plus une demande issue de la souffrance, mais un chant de reconnaissance, de louange et de remerciement à l’Éternel pour Son immense Miséricorde.

‘Hanna va nous apprendre à présent que nous pouvons aider les autres par nos prières. En effet, le cœur rempli d’allégresse, elle ne pria pas seulement pour elle, comme nous allons le découvrir, mais pour tout le peuple : 

« Alors ‘Hanna pria, et dit: Mon coeur s’est réjoui en l’Éternel; ma force a été relevée par l’Éternel; ma bouche s’est ouverte contre mes ennemis; car je me suis réjouie de ton salut. […]

10 Les adversaires de l’Éternel seront brisés; des cieux il tonnera sur eux; l’Éternel jugera les extrémités de la terre; il donnera la force à son roi, et il élèvera la corne de son Oint. » (I Samuel 2 : 1 et 10 version Ostervald)

La prière de ‘Hanna ne se focalisait pas seulement sur sa propre gratitude, mais elle implora également Hachem de transformer le destin du peuple juif. En effet, les mots par lesquels elle conclut sa prière n’étaient pas dénués de sens et visaient à donner la réussite à son fils, Chmouel (Samuel), face aux Philistins et plus surprenant encore, elle pria pour la venue du Machia’h (Messie) ! 

« Les adversaires de l’Éternel seront brisés » : Pour clôturer ses louanges, ‘Hanna a recommencé à prier pour Chmouel, son fils.

Selon le Métsoudat David, elle dit : « Toi, Seigneur, s’il te plaît, laisse les adversaires de mon fils et les hommes qui le combattent être brisés », car elle a vu avec l’Esprit Saint (‘Hanna était prophétesse) que les Philistins combattraient contre lui et contre tout Israël, alors elle a prié pour que leurs adversaires soient brisés [7]. 

– ‘Hanna poursuit sa prière : « Des cieux Il [D.ieu] tonnera sur eux » : Pour l’amour de son fils, notre prophétesse demanda à Hachem de faire gronder Son tonnerre sur les Philistins. Sa prière fut exaucée ! Comme il est écrit en I Samuel 7:10 : 

« Pendant que Samuel offrait l’holocauste, les Philistins s’approchèrent pour attaquer Israël. L’Éternel fit retentir en ce jour son tonnerre sur les Philistins, et les mit en déroute. Ils furent battus devant Israël. »

Et l’Éternel fit bien plus encore ! Les versets poursuivent en disant que D.ieu fut contre les Philistins pendant toute la vie de Chmouel. De plus, les villes que les Philistins avaient prises aux Israéliens furent restituées à Israël (I Samuel 7 :13-14). 

« Et Il donnera la force à son roi » : Enfin, au travers de ses paroles, ‘Hanna demanda au Seigneur de donner du pouvoir et de la force au roi que son fils couronnera, qui sera Shaul. Ceci aussi se produisit. En effet, Hachem avertit Samuel, qui était alors devenu juge et prophète d’Israël, qu’Il allait bientôt désigner un roi qui gouvernera sur Israël :

« Je t’enverrai un homme du pays de Benjamin, et tu l’oindras pour chef de mon peuple d’Israël. Il sauvera mon peuple de la main des Philistins; car j’ai regardé mon peuple, parce que son cri est venu jusqu’à moi. Lorsque Samuel eut aperçu Saül, l’Éternel lui dit: Voici l’homme dont je t’ai parlé; c’est lui qui régnera sur mon peuple. » (I Samuel 9 :16-17)

Toutefois, certains commentateurs bibliques voient plus loin et affirment que la la prière de ‘Hanna: « Il donnera la force à son roi », on doit entendre non tel ou tel roi d’Israël, mais la royauté personnifiée dans tous les individus qui en seront successivement revêtus et finalement dans celui qui réalisera le Jugement Universel, c’est-à-dire le Messie!

« qu’Il exalte la gloire de son Oint ». Le mot « oint » se dit en hébreu « machia’h » et c’est ce mot que la prophétesse ‘Hanna utilise ici.

Elle demanda à l’Éternel de faire venir le Machia’h, l’Ultime Libérateur. Elle engloba l’ensemble de la nation dans ses prières portant sur la venue du Machia’h. 

En somme, ‘Hanna décida d’utiliser la prière pour le bien de toute sa nation, elle savait que le Tout-Puissant pouvait transformer les destins et accorder des bénédictions à tout un chacun. Inspirons-nous des paroles de ‘Hanna pour nos prières et implorons D.ieu de précipiter la venue du Machia’h en faveur de toute l’humanité ! 

Conclusion

L’attitude de ‘Hanna nous a permis de prendre conscience de la force de la prière. En effet, Hachem nous a donné la prière comme moyen d’élévation spirituelle, un moyen de connexion, d’attachement profond à Lui.

La prière est la communion de l’âme avec le Créateur. La prière de la prophétesse ‘Hanna sera d’ailleurs le modèle retenu, par la Tradition juive, pour réciter la Amida qui doit se faire avec concentration du cœur (kavana), en se tenant debout, en récitant la prière à voix basse…

’Hanna a su s’adresser de la bonne façon à Hachem, en faisant appel à Ses différents Noms, selon l’attribut Divin qu’elle voulait faire ressortir. Elle épancha son âme devant l’Éternel, avec toute sa kavana (concentration du cœur) et en alignant sa volonté à celle du Créateur. D.ieu entendit sa prière : Il lui accorda un fils, qu’elle nomma Chmouel (D.ieu a entendu). 

Lors de la naissance de son fils, ‘Hanna réalisa qu’elle avait, une fois de plus, l’occasion de rapprocher son âme de Hachem au travers d’une prière de remerciement. Elle n’hésita pas à prier pour tout le peuple d’Israël en demandant à D.ieu de le protéger de ses ennemis et demanda la venue du Machia’h qui amènera la Rédemption complète à toute l’humanité. 

Enfin, vous l’aurez peut-être remarqué, la téfila de ‘Hanna nous permet d’établir les fondements d’une prière de valeur, composée par : 

1.     La Chéva : louange sur Hachem

2.     La Bakacha : demande à Hachem

3.     La Odaya : remerciement à Hachem

Dans Matthieu 6 : 9-13, Yéchoua nous prescrit le même modèle en nous inculquant le « Notre Père ». Cette prière est en fait calquée sur un modèle de prière typiquement juif, car toute prière juive est composée de trois parties : 

– Premièrement, la louange (versets 9 et 10) 

– Deuxièmement, les requêtes (versets 11 à 13)

– Troisièmement, les remerciements et bénédictions de D.ieu (fin du verset 13)

Avec ces clés en main, nous espérons que vos prochains « tête-à-tête » avec le Saint Béni soit-Il seront encore plus profonds et réjouissants ! Persévérons donc dans la prière avec une attitude de reconnaissance ! (Colossiens 4 :2)

Sim’ha, Rédactrice pour le site RencontrerDieu au féminin

Références et notes

 

–       L’Admor de Sitré ‘Haïm, La prière selon le Baal Chem Tov, ebook.

–       Rav Hesky Kleinman, Prier avec feu : enflammer la puissance de la prière, Edition ArtScroll Mesorah.

–       Rabbanite Schlamme, « ‘Hanna, une prophétesse tellement féminine », article en ligne sur « Torah Box ».

–       Shira Hochheimer, Echet ‘Haïl aujourd’hui, la femme juive en question, 2023 Editions Torah-Box. 

–       Stéphanie Allali-Klein, « ‘Hanna a-t-elle prié seule ? », article en ligne sur « La Yéchiva des étudiants ». 

[1] L’Admor de Sitré ‘Haïm, La prière selon le Baal Chem Tov, ebook, p. 16. 

[2] Les sept prophétesses du peuple d’Israël sont : Sarah, Myriam, Devorah, ‘Hanna, Avigaïl, ‘Houlda, Esther.  (Talmud Méguila 14a)

[3] Les trois fêtes de pèlerinage décrites dans la Torah sont : Pessa’h/Pâque, Chavouot/Pentecôte, Souccot/Tabernacles.

[4] Guémara Brakhot et Pessikta Rabati.

[5] Commentaire sur le livre de Deutéronome. 

[6] Chemin à suivre, instructions. 

[7] Commentaire du Métsoudat David, rabbin David Altschuler de Prague. 

Réagissez à cet article en laissant un commentaire !

4 Commentaires

  1. PLANCKEEL

    Merci Sim’ha, superbe étude très complète.
    Mon père me disait toujours souvient -toi que devant un chef d’état il y a un protocole bien établit et ce n’est qu’un homme! Alors devant le Rois des rois, le Maître du monde à plus forte raison réalise à qui tu t’adresses.
    Superbe prière de ‘Hanna
    Shavoua tov

    Réponse
  2. Sonia VENTURA

    Shalom

    Très riche enseignement sur la Tefila
    Une relation intime d’Hanna avec Hachem
    Tant de femmes dans la Torah ont eu des rôles d’exception
    Hanna est soulignée dans la prière du Siddour,recueil de prière Juif

    Toda raba

    Réponse
  3. Lise

    Je benis l’Eternel pour cette enseignement c’est tellement edifiant je pries pour vous afin que vous continuez a nous instruire.Lise

    Réponse
  4. Syndie

    Magnifique ! Mille mercis. Ce texte tombe à pic durant cette semaine de jeûne et prières pour moi soyez bénis tous les 2 avec Thomas ! Continues à nous enseigner sur le féminin c’est vraiment bon !
    Amitiés,
    Syndie

    Réponse

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Dernier article écrit publié :

Génération ‘Hamas, déluge et Nouvel Ordre Mondial: une prophétie pour notre temps ! Paracha Noah (Noé) – Genèse 6:9 à 11:32
Génération ‘Hamas, déluge et Nouvel Ordre Mondial: une prophétie pour notre temps ! Paracha Noah (Noé) – Genèse 6:9 à 11:32
Shadow

Dernière vidéo publiée :

Conflit israélo-palestinien disséqué Part 11 – L’éclair apocalyptique du 7 octobre: « Shoah Bis » et résurgence de la bête nazie
Conflit israélo-palestinien disséqué Part 11 – L’éclair apocalyptique du 7 octobre: « Shoah Bis » et résurgence de la bête nazie
previous arrowprevious arrow
next arrownext arrow
Shadow

Derniers articles de la zone “Blog” (billets d’humeurs, actus, etc.) :

Guerre d’Israël 5784 – Communiqué 04 : le monde entier est pire qu’un cactus, il est ‘Hamas
Guerre d’Israël 5784 – Communiqué 03 : Le retour du Djihadisme de la mort, une menace mondiale ?
Guerre d’Israël 5784 – Communiqué 01 : Appel à la mobilisation des coeurs
previous arrowprevious arrow
next arrownext arrow
Shadow

Rejoindre le canal WhatsApp du site RencontrerDieu :


Découvrez notre Plateforme d'Étude de la Torah :

Pour les convertis à Dieu qui veulent aller plus loin et étudier en profondeur la Torah d'Israël à la lumière de l'Alliance Renouvelée.


Pépite de vérité à la une actuellement :

protection dieu contre covid vaccin et complots

Nous recommandons notre partenaire, la librairie juive hébraïque Ness :

Nous recommandons notre partenaire, la librairie juive hébraïque Ness :
Tweetez
Partagez
Enregistrer