Pessa’h : Le Levain de l’Orgueil, la Pâque de l’Humilité et le secret des 1/64ème !
« Vous ne mangerez point de pain levé… Dès le premier jour, il n’y aura plus de levain dans vos maisons. »
Exode 12:15, 19
Chaque année, à l’approche des jours bénis de Pessa’h, l’Éternel rappelle à Son peuple un précepte ancien, mais toujours vivant : éliminer le levain de nos demeures. Ce n’est pas une règle d’hygiène ni un rite d’un autre temps, mais une ordonnance de l’Être suprême, sortie de la bouche du Très-Haut, et transmise au milieu du feu et du tonnerre au Sinaï. Considérons avec attention quelle est la Volonté de notre Créateur sur ce point précis.
Ce que l’Éternel demande à Son peuple, c’est un acte de soumission sacrée, un acte de purification, un acte d’humilité dont la portée et l’impact spirituels sont très réels.
Car les maîtres de la Torah d’Israël enseignent que celui qui ôte le levain de sa maison avec foi, “bé émeth” (en vérité) celui-là même recevra du Ciel une assistance précieuse pour ôter le levain de son propre cœur. L’orgueil sera consumé comme de la paille au feu, et l’humilité germera.
C’est ici un mystère qu’il faut prendre par la foi : un acte physique, aussi humble soit-il, devient sous l’onction divine un levier de transformation spirituelle. Car notre Dieu est Celui qui unit l’invisible au visible, le céleste au terrestre, l’éternel au temporel.
« Une prescription divine, accomplie avec amour, libère une réelle et abondante bénédiction pour l’âme fidèle. »
Les Saints Enseignements des Sages : Le Levain comme Image du Mauvais Penchant
Le vénérable Rabbi Eliezer Papo, de mémoire bénie, est un des personnages du monde juif les plus respectés des derniers siècles. Il a écrit ceci :
« Le précepte de brûler le levain est très important, car il s’agit de détruire notre esprit impur et notre mauvais penchant.
Par conséquent, plus on cherchera le levain et plus on sera digne de louanges.
Nos anciens nous ont légué des coutumes et des usages, aussi estimables les uns que les autres et qui possèdent tous une racine céleste. Puissent nos actions être agréées en brûlant l’esprit impur.
Les disciples du Arizal ont écrit qu’on doit faire très attention à l’interdit du levain pendant la semaine de Pessa’h ; et celui qui se conduit rigoureusement sera assuré de ne pas faillir pendant toute l’année, car après avoir brûlé toute l’impureté, le mauvais penchant ne peut plus le dominer et le faire fauter. »
Oserions-nous contester un tel enseignement ? Ou serions-nous plus éclairés que les Sages, plus pieux que ceux qui ont marché avant nous dans la sainteté devant l’Éternel ? Non ! Ce dont nous parlons n’est pas un simple nettoyage, mais une guerre sainte, une “milchemet mitsva”, une bataille contre l’ennemi intérieur, contre le serpent antique qui se glisse subtilement dans les recoins du cœur.
Car le levain, disent les disciples du Arizal, c’est l’orgueil, c’est l’égo qui lève sa tête contre Dieu la suffisance, c’est ce “regard hautain”, ce “coeur enflé” que Dieu hait et ne supporte pas (Psaume 101:5); Voilà ce qu’il nous faut traquer et jeter au feu. Celui qui détruit le levain au moment de la Pâque avec les intentions requises, Dieu lui fournira une aide concrète pour se purifier de tout orgueil.
C’est là une excellente bénédiction pour qui est conscient de l’horreur de l’orgueil.
Le Levain dans l’Alliance Renouvelée : Un Symbole Transpercé de Lumière
Certains diront : « Mais ce précepte, n’est-il pas pour les juifs ? »
L’Évangile du Messie Yéshoua, loin de rejeter ce précepte, le magnifie et lui donne un éclat éternel. On se rappelle que Paul, le Rabbi de Tarse, enseigne que le levain représente l’orgueil et la malice, et que le croyant est appelé à devenir une pâte sans levain, pure, sainte, et agréable à Dieu.
N’a-t-il pas dit encore :
« Ainsi donc, vous n’êtes plus des étrangers, ni des gens du dehors; mais vous êtes concitoyens des saints, gens de la maison de Dieu. »
Éphésiens 2:19
Le croyant des nations qui se greffe par la foi au peuple d’Israël est invité à marcher dans les sentiers anciens, à honorer les commandements de Dieu, non pour obtenir la faveur du ciel, mais parce qu’il est déjà aimé et adopté, et que la maison du Père est une maison d’ordre et de sainteté.
« L’obéissance est la respiration naturelle de l’amour. Là où le cœur aime, il se plie volontiers à la volonté du Bien-Aimé. »
L’Humilité : Le Vêtement des Saints
« Sois très, très effacé, car l’espérance de l’homme, c’est la vermine. » – Pirkei Avot 4:4
Voici le trône sur lequel Dieu siège : l’humilité d’un cœur brisé. Le Rambam, ce respecté maître d’Israël, l’a proclamé avec force : si pour toutes choses, l’on recherche le juste milieu, en ce qui concerne l’orgueil, il faut l’éradiquer jusqu’à la racine, sans compromis, sans mesure, sans réserve.
Car une miette de levain – un infime résidu, un soixante-quatrième, dit-il – est déjà trop. Il suffit d’un soupçon pour que la pâte gonfle, pour que le cœur s’enfle, pour que l’homme devienne aveugle et se détourne de son Dieu.
N’est-ce pas là le sens de cette parole de celui qui se considérait comme le “moindre des apôtres” :
« Un peu de levain fait lever toute la pâte » – 1 Corinthiens 5:6
Veillons attentivement à ne pas laisser ce poison subtil entrer dans le sanctuaire de nos âmes. Mais nettoyons notre propre maison, notre propre cœur, sans regarder chez le voisin. L’humilité s’exerce d’abord en silence, dans la poussière et les larmes de la repentance.
« Celui qui mesure son humilité ne l’a pas encore goûtée. »
Moïse et David : Géants de l’Humilité, Modèles pour les Petits
Le Rambam explique que l’humilité est l’une des « suprêmes dispositions saines » qu’il nous faut absolument acquérir pour satisfaire le Créateur et prospérer à tout égard dans Ses voies. Il continue en ces termes :
« Je vais rapporter maintenant une partie de ce que les sages ont dit touchant l’éloge de l’humilité et la réprobation de l’orgueil, ce qui amena nos sages à nous enjoindre de s’approcher de l’effacement de soi en disant :
“Sois très, très effacé”, de crainte qu’en restant dans les limites de l’humilité il ne demeure en nous un reste d’orgueil.
Prends exemple sur Moïse notre maître qui était parfait dans toutes les dispositions morales et intellectuelles, outre qu’il avait été élevé jusqu’à la prophétie, père en sagesse, père en prophétie et père en Torah; or au lieu de tout cela, l’Écriture ne l’a loué que pour son humilité, comme il est dit:
« L’homme Moïse était très humble, plus que tout homme sur la terre » (Nombres 12:3).
Les sages ont dit qu’en hébreu le mot « très » dénote le fait de pencher vers l’autre extrême, et l’on trouve écrit de même: « Que sommes-nous ? » (Ex. 16:7).
Quelle grande leçon ! Moïse, l’ami de Dieu, celui dont le visage rayonnait de la lumière de la Shekhinah, fut loué non pour sa science, ni pour ses miracles, mais pour son humilité…
Le Rambam relève cette leçon avec justesse : même celui qui avait accédé aux plus hauts sommets de la prophétie, à qui Dieu parlait face à face, n’a été célébré que pour son effacement de soi.
David pareillement – « l’oint du Dieu de Jacob, le chantre des cantiques d’Israël » (II Sam. 23:1), le roi dont les ordres sont obéis, dont l’Éternel a élevé le règne, qu’Il a rendu victorieux, ce roi qu’Il avait promis à Israël par l’intermédiaire de Moïse notre maître en disant: « Une étoile filera de Jacob » (Nomb. 24:17), ainsi que l’ont expliqué nos maîtres (cf. Targoum Onkelos), David le prophète, le prince de soixante-dix Anciens, ainsi qu’il est dit: « Voici les noms des puissants de David siégeant dans l’assemblée de la sagesse » (II Sam. 23:8 et cf. M.Q. 16b) – le même David déclare malgré tout cela à son propre sujet:
« Un souffle cassé, un cœur brisé et humilié » (Ps. 51 :19). Et nombreuses sont les expressions de cette sorte témoignant d’une absolue humilité. » – Fin de citation du Rambam.
Chers lecteurs, ne voyons-nous pas combien les sommets du service divin ne s’atteignent pas par des ailes d’ambition et de fierté, mais par les genoux pliés dans la poussière. Ce sont les cœurs brisés qui deviennent des vases d’élection.
« Plus l’homme est grand aux yeux de Dieu, plus il se fait petit à ses propres yeux. »
Et David, dans sa grandeur, ne disait-il pas encore :
« Ouvre mes yeux, pour que je contemple les merveilles de ta loi. » – Psaume 119:18
Si David, ce maître de la Torah, suppliait ainsi pour ne pas s’enorgueillir de sa propre compréhension, s’il suppliait pour comprendre, s’il se considérait frappé de cécité pour prier de la sorte, quelle attitude devrions-nous adopter, nous qui n’avons que quelques miettes de sagesse ?
L’Orgueil : Une Idole Intérieure Déguisée en Piété
Le Rambam, dans un avertissement solennel, compare l’orgueil à l’idolâtrie :
« Quant à l’orgueil, dit le Rambam, les sages dirent (cf. Sota 4b) que tout homme qui s’enorgueillit, c’est comme s’il adorait une idole, car il est écrit:
« Tout orgueil est une abomination pour l’Éternel » (Prov. 16:5), et il est écrit ailleurs: « Ne fais entrer aucune abomination (i.e. idole) dans ta maison » (Deut. 7:26).
Ils ont déclaré aussi que le dévoiement d’orgueil est semblable à la transgression de toutes les unions interdites, car il est dit: « Tout orgueil est une abomination pour l’Éternel » (Prov. 16:5), et il est écrit ailleurs au sujet des unions interdites: « Car ils ont commis toutes ces abominations » (Lev. 18:27).
Les Sages dirent encore (cf. Sota Sa) qu’il convient d’abattre tout homme infatué comme on abat un arbre de Achéra [relatif à l’idolâtrie], car il est dit: « Les gens de haute taille seront abattus » (Is. 10:33), et il est écrit ailleurs: « Vous abattrez leurs arbres de Achéra » (Deut. 7:5)
Ils expliquèrent aussi que l’Éternel ne ressuscitera pas les orgueilleux au moment de la résurrection des morts, car il est écrit:
« Tes morts revivront; mes corps morts se relèveront ! Réveillez-vous et chantez de joie, ceux qui voisinent avec la poussière ! » ce qui désigne ceux qui ont voisiné avec la poussière pendant leur vie, c’est-à-dire les humbles, ceux-là seuls revivront.
Il existe encore bien d’autres jugements de cette sorte dans leurs paroles, comme par exemple (cf. Sota sb) que la lèpre est le châtiment des vaniteux, puisqu’il est dit: « Voici l’enseignement relatif à toute plaie et lèpre [ … ] à l’enflure, au dartre, etc. » (Lev. 14:54-56) ; or il n’est d’enflure que celle du cœur, car il est dit : « Voici le jour où l’Éternel rendra leur dû à tous les gens vaniteux et hautains [ … ] à tous les monts élevés et à toutes les collines enflées » (Is. 2:14). » – Fin de citation du Rambam.
En effet, n’est-ce pas là la racine de tout mal, que l’homme se dresse dans son cœur comme un petit dieu, assis sur le trône de sa propre suffisance ?
Les sages, dans un cri prophétique, déclarent que l’Éternel ne ressuscitera pas les orgueilleux, car seuls ceux qui ont “voisiné avec la poussière” revivront. Quelle parole effrayante ! Elle glace le sang du présomptueux, mais elle réchauffe le cœur de l’humble.
Le lépreux ? Un symbole vivant de la vanité. La lèpre, dit la Guémara, vient de l’orgueil qui enflamme le cœur comme un feu impur. L’enflure de la peau n’est que le miroir de “l’enflure du moi”.
Et que dire du médisant ? Il déchire son frère de la langue, parce que l’orgueil en lui le pousse à se croire supérieur. C’est pourquoi Dieu frappa Myriam, sœur de Moïse, de lèpre : la médisance naît dans les replis de l’orgueil.
« Le mal de langue est le fruit du mal de cœur, et l’arbre qui le porte a pour racine la vanité. »
Le Nettoyage Spirituel : Une Lutte Personnelle et Sacrée
Pourquoi Dieu nous ordonne-t-il de nettoyer notre propre maison ? Pour nous apprendre que le jugement commence par soi-même, et que la miséricorde doit régner lorsqu’il s’agit d’autrui. Celui qui passe sa vie à sonder la maison du voisin n’a jamais vu les toiles d’araignée dans la sienne.
Mais l’aide fraternelle est permise, lorsqu’elle est demandée, lorsqu’elle est douce, lorsqu’elle est pleine de vérité et d’amour. Oui, nous pouvons aider notre frère à ôter le levain de son cœur, mais jamais sans en avoir reçu l’invitation à cette œuvre de purification, avec respect et humilité.
Le 1/64ème : L’Orgueil Qui Se Cache dans les Détails
Venons-en à ce fameux “soixante-quatrième”. Ce chiffre mystérieux, presque insaisissable, enseigné par les maîtres d’Israël, n’est pas une mesure pour tolérer “un peu” de péché, mais une sentinelle contre toute indulgence coupable.
Le Rambam continue :
« Les Sages ont donc donné la mesure qui convient à ce sujet en la nommant métaphoriquement « un soixante-quatrième ».
A savoir que si l’on pose comme premier extrême l’orgueil puis comme extrême opposé l’effacement de soi, et que la distance entre les deux soit divisée en soixante-quatre intervalles, l’homme doit se tenir sur le soixante-troisième intervalle à l’opposé de l’orgueil.
Les sages ont donc refusé la voie moyenne en ce domaine afin d’éloigner l’homme de l’orgueil; en ce sens, celui auquel manquerait l’un des dits intervalles et s’approcherait de l’orgueil serait frappé par l’anathème. » – Fin de citation.
Ce que nous dit le Rambam rejoint ce que certains rabbanim (rabbins) ont expliqué au sujet de cette mesure métaphorique d’« un soixante-quatrième » : il est en vérité impossible à l’homme de calculer une telle mesure tant elle est petite ! Ceci nous enseigne que nous devons tout éliminer et ne pas nous livrer à des calculs qui justifieraient le moindre orgueil…
Car celui qui cherche à mesurer son orgueil pour le justifier prouve par là qu’il est encore sous l’emprise du mal. Comme l’a écrit le Ram’hal :
« L’orgueil est un état d’aveuglement qui empêche l’intelligence humaine d’apercevoir ses défauts. »
Celui qui veut garder un tout petit peu de levain dans son cœur, en disant : « Ce n’est qu’un soixante-quatrième », ne fait qu’ouvrir la porte à un torrent. Le serpent commence par une écaille, et termine par l’étreinte.
“En vérité, en vérité”, c’est ici un test dissimulé par la Sagesse des Sages au sein même de leur sentence : l’homme qui craint Dieu ne cherchera pas à garder dans son coeur 1/64ème de cet orgueil. Il ne dira certainement pas : “je peux garder 1/64 d’orgueil, ce sont les sages qui l’ont dit !” Car le simple fait de s’imaginer pouvoir connaître cette mesure de 1/64ème dans l’objectif de la préserver est en soit la marque d’un esprit tordu, d’un orgueil qui dépasse la mesure... Un tel homme témoigne contre lui-même.
On ne joue pas au bord de l’abîme de l’orgueil. Il faut “Tout” enlever, sans en laisser 1/64 comme il est dit : « Vous ne mangerez point de pain levé; » (Exode 15:16-20), pas même 1/64.
Effectivement, c’est ainsi que poursuit le Rambam :
« Rav Nahman a tranché en disant qu’il ne faut en aucun cas qu’il y ait en l’homme la moindre trace d’orgueil, qu’elle soit importante ou infime, car cette faute n’est pas mince. »
Une disposition qui rend, en effet, l’homme odieux auprès de l’Éternel, comment pourrait-on s’en approcher si peu que ce fût ! Les Sages ont dit, en conséquence, au nom de Rav Nahman fils d’Isaac :
« Ni lui (i.e. l’orgueil), ni sa plus infime partie, car il est écrit: « Tout orgueil est une abomination pour l’Éternel » (Prov. 16:5). »
C’est pourquoi, à cause de la gravité de ce dévoiement, il est affirmé ici :
« Sois très, très effacé, car l’espérance de l’homme c’est la vermine », autrement dit: corrige-toi de manière à te détacher de l’orgueil en méditant le sort de ton corps qui finira en vermine – Fin de citation du Rambam.
Toutefois, qu’en est-il du sentiment de satisfaction personnelle que l’on peut parfois éprouver lorsque nous avons bien agi ? Est-ce là aussi un orgueil qu’il faut éliminer ?
Continuons notre investigation et nous découvrirons un secret sur ce “soixante-quatrième” dans la pensée des Sages.
L’Humilité Véritable et la Joie Spirituelle
« Tes morts revivront… Réveillez-vous et chantez de joie, vous qui reposez dans la poussière. » – Ésaïe 26:19
Si nous désirons vivre, il nous faut d’abord mourir. Mourir à nous-mêmes, mourir à notre orgueil, mourir à nos prétentions. Car Dieu ne ressuscite que ceux qui ont côtoyé de près l’humilité, ceux qui ont « voisiné avec la poussière ».
Et même le sentiment de satisfaction, après avoir une bonne action, peut devenir un piège redoutable.
C’est pourquoi le Rabbi de Loubavitch (2) explique qu’il convient de différencier deux types de fierté :
1) Celui qui n’est pas conscient que sa réussite ne provient que de HaShem (Dieu) :
Voilà une fierté qui exclut Dieu; c’est un levain caché.
Quand une personne est fière de ses accomplissements, même si sa fierté est justifiée, elle nie, quelque part, la providence de D.ieu. Car en s’enorgueillissant, l’individu attribue son succès à ses propres efforts.
C’est l’illusion du mérite, ce cœur qui se félicite sans gratitude, cette âme qui, au lieu de bénir le Donateur, se complaît dans le don. Le Rabbi de Loubavitch avertit : quiconque se glorifie de ses actes sans reconnaître qu’ils sont un pur don du ciel, glisse sans le savoir vers l’idolâtrie subtile du moi.
À ceux-là, le Messie disait avec fermeté :
« Si vous étiez aveugles, vous n’auriez pas de péché. Mais maintenant vous dites : “Nous voyons.” C’est pourquoi votre péché demeure. » – Jean 9:41
Mais si l’homme réalisait qu’en réalité tout ce qu’il réussit vient d’un don de D.ieu, il en viendrait à reconnaître constamment et avec gratitude la main de D.ieu.
Attention : Ceci n’a pas pour but de minimiser l’importance des entreprises humaines. Il est écrit : « Et D.ieu te bénira dans tout ce que tu accomplis », ce qui implique que les efforts humains sont nécessaires. Sans en fournir, il ne dispose pas du moyen par lequel lui seront acheminées les bénédictions de D.ieu.
Et quand le succès vient des bénédictions de D.ieu, et que l’homme en est profondément conscient, on comprend qu’il n’y a aucune place en l’homme pour un orgueil personnel. Nous en arrivons au 2e type de fierté, celle qui est permise.
2) Une fierté sanctifiée : la joie du serviteur fidèle
Mais il est une autre fierté, une sainte exaltation, qui monte comme l’encens du temple : la joie du serviteur qui sait que Dieu l’a utilisé, bien qu’il sait qu’il n’est que poussière. Ce que dit le Rabbi de Loubavitch, c’est tout l’esprit des paroles de l’apôtre :
« Nous portons ce trésor dans des vases de terre, afin que cette grande puissance soit attribuée à Dieu, et non pas à nous. » (2 Corinthiens 4:7)
Cette personne est pleinement consciente qu’elle ne peut rien faire par elle-même et que toute sa réussite ne provient que de HaShem (Dieu).
En effet, on peut toutefois récolter les avantages de la fierté sans ses aspects négatifs. Car il existe une source plus profonde de fierté que celle que l’on tire de soi-même, de ses aptitudes ou de ses accomplissements. D.ieu « nous a rendus saints par [Ses] commandements, et nous rapproche de [Son] service », nous accordant par là même un lien avec Lui et la mission d’élever et de raffiner le monde en général.
C’est cette fierté sanctifiée que le prophète Jérémie appelle :
« Mais que celui qui veut se glorifier se glorifie d’avoir de l’intelligence et de me connaître, De savoir que je suis l’Éternel, Qui exerce la bonté, le droit et la justice sur la terre; Car c’est à cela que je prends plaisir, dit l’Éternel. » (Jérémie 9:24)
Oui, se glorifier de connaître Dieu, voilà une fierté qui ne déplaît pas au ciel ! Non pas en soi, mais en Lui. Non pas dans nos œuvres, mais dans Sa grâce. Car plus on connaît Dieu, plus on s’émerveille de Sa bonté, plus on se sait petit et plus on l’aime car « ce qui fait le charme d’un homme, c’est sa bonté; » (Proverbes 19:22). Combien notre Dieu est charmant !
« L’humilité ne consiste pas à nier ce que Dieu fait en nous, mais à Lui en attribuer toute la gloire. »
Un Point qui Change Tout : ‘Hamets et Matsah
Voici maintenant une merveille de la langue sainte, digne de clôturer cette modeste étude sur cette loi divine du nettoyage de Pessa’h.
En hébreu, le mot ‘Hamets (levain) et Matsah (pain sans levain) partagent presque les mêmes lettres. La différence ? Un simple point. Une miette. Et cette miette, ô mystère céleste, c’est le 1/64ème d’orgueil que les sages dénoncent.
Ce minuscule point, presque invisible, fait tout basculer : il transforme le pain de la liberté en pain de corruption. C’est là le secret des Sages, et le Messie le confirme :
« Un peu de levain fait lever toute la pâte. » – Galates 5:9
Entendons bien cela : un point d’orgueil suffit pour détourner le cœur entier. C’est cette miette qu’il nous traquer et garder, non pas pour l’avaler mais pour mieux la brûler après l’avoir identifié !
« Le chemin de la sainteté ne souffre pas la tolérance d’un grain d’orgueil, même le plus petit. Un grain de sable peut bloquer tout un engrenage céleste. »
Le Grand Ménage : Une Séguoula pour le Ciel
Ainsi donc, que celui qui aime Dieu ôte le levain de sa maison, non comme un automate religieux, mais avec une intention pure, avec le désir réel de se purifier jusqu’aux recoins de l’âme. Ce nettoyage concret de nos demeures, les Sages l’appellent une “Ségoula” — une action physique ayant un effet métaphysique réelle. Et quelle est cette bénédiction ? La purification du cœur, l’humilité croissante, et la présence divine qui vient habiter l’âme nettoyée.
On sait que Le Tout-Puissant ne méprise pas les humbles efforts de Ses enfants. Il sanctifie ce qu’on Lui offre avec foi. Et si nous nettoyons notre maison pour l’amour de Son Nom, Il nettoiera notre cœur par la puissance de Son amour.
Ouvrons-Lui la porte de notre cœur, Il en chassera le levain. »
Conclusion : Des Pains Sans Levain pour un Peuple Saint
Ne soyons pas de ces hommes qui tolèrent en soit le levain de l’orgueil, mais chassons-le comme il est dit :
« Purifiez-vous du vieux levain, afin que vous soyez une pâte nouvelle… car Le Messie, notre Pâque, a été immolé. » – 1 Corinthiens 5:7
Et encore :
« Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu. » – Matthieu 5:8
Préparons nos maisons, préparons nos cœurs ! Brûlons le levain, et que l’humilité soit notre parure, car nous avons que l’Éternel prend plaisir à élever les humbles, mais Il résistera éternellement aux orgueilleux.
« Que l’humilité soit notre Pâque, et l’orgueil notre Égypte abandonnée. »
Amen vé amen.
Pour aller plus loin…
Nous vous recommandons de lire cet article approfondi : Préparation à la fête de Pessa’h (Pâque) : le grand ménage du levain de l’orgueil !
—
1. Commentaires du Traité des Pères, Pirqé Avot, Moïse Maïmonide, Michna 4, Chapitre 4.
2. Sidra de la semaine, Chabbat Parchat Behar-Be’houkotai du samedi 8 mai 2010, 24 iyar 5770.
Si vous n'êtes pas encore inscrit :
Recommandations pour l'étude et la mise en pratique des fêtes de l'Éternel pour le croyant des nations :
Si vous n'êtes pas au clair sur la place des fêtes de l'Éternel dans la vie d'un croyant des nations, OU si vous souhaitez en savoir plus sur le calendrier et les fêtes, découvrir leur sens profond et les mettre en pratique dans une perspective hébraïque et en harmonie avec l'Évangile, l'Éternel nous a fait la grâce de disposer de nombreuses ressources à ce sujet (articles, vidéos, cursus d'études, etc.,).
👉 Cliquez ici pour recevoir une série de messages sur les fêtes de l'Éternel.
Si vous le souhaitez, vous pourrez aussi rejoindre un cycle d’étude sur les fêtes, destiné aux disciples du Messie Yéshoua (Jésus) qui veulent une nourriture spirituelle solide sur les fêtes divines (et les jeûnes bibliques), tout au long de l’année.
▼ Réagissez à cet article en laissant un commentaire ! ▼
- Note importante relative aux articles et vidéos faisant intervenir à la fois des juifs, des rabbins, des chrétiens et des pasteurs : Si vous avez une interrogation ou une incompréhension à ce sujet, nous vous renvoyons au volet concerné qui explique en détail notre position. Cliquez ici : F.A.Q - Rencontrer Dieu
- Note sur les commentaires sur ce site et ailleurs (YouTube, etc.) : les commentaires ne sont publiés que s'ils sont conformes à La Politique De Modération du site : Lire la politique de modération
Veuillez citer la source lors de toute copie partielle ou complète des contenus de ce site web, ainsi que le rappellent justement les maximes des pères (Pirqé Avot) : « Quiconque cite l’auteur d’une parole amène la délivrance dans le monde ». Pour le reste, c’est entre vous et Dieu qui sonde les cœurs et qui rendra à chacun selon ses œuvres.
Shalom Thomas, merci pour cet enseignement sur Pessa’h.
Oui l’orgueil est un véritable ennemie que nous devons apprendre à éliminer.
Merci Que Dieu vous Bénissent
Pendant cette étude de préparation de la Pâque et des pains sans levain, une idée m’est venue , “un vaccin contre l’orgueil : Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Et si tu l’as reçu , pourquoi te glorifie- tu comme si tu ne l’avais pas reçu ? “Vaccin ou bouclier ! contre un ennemi aussi puissant c’est une arme nécessaire et facile à mémoriser, C’est également efficace pour toutes nos possessions qu’elles soient physiques ou spirituelles , merci mille fois à l’Eternel qui nous aime par sa parole puissante ! Ginette
Shalom Thomas,
Merci pour cet enseignement sur le danger d’orgueil et la nécessité d’un total effacement de soi, afin que ne reste absolument aucune trace d’orgueil en l’âme, comme le dit le Rambam!
Il est intéressant de voir combien cela ressort clairement dans les lettres hébraïques qui composent le mot “levain” (‘hamets) et “sans levain” (matsa) où la différence ne tient qu’à une miette!
L’Eternel témoigne sa bonté envers nous en nous donnant l’occasion de procéder à «la purification spirituelle de nos coeurs par l’élimination concrète et physique du levain»!
‘Hag Pessa’h Samea’h (Joyeuse fête de Pâque),
Deogratias