La colère: que dit la Bible ?
Qu’il s’agisse d’un retard imprévu, d’un objet perdu, d’un accrochage, d’une dispute, enfin bref, nous avons toutes et tous vécu ces situations qui peuvent parfois nous faire sortir de nos gonds. La colère touche absolument tout le monde et tous les domaines de la vie.
Que nous enseignent la Torah et les Sages d’Israël au sujet de ce mauvais trait de caractère? Est-il permis de se mettre en colère? Si oui, de quelle façon?
Au travers des textes bibliques et des commentaires des Sages d’Israël, nous étudierons ce sujet plus en profondeur dans le but de travailler et de corriger cette mida (trait de caractère). Nous tâcherons de répondre à ces questions:
– Qu’est-ce que la colère ?
– Quelle est son origine ?
– Quelles sont ses conséquences et quels conseils donner afin de contrôler sa colère?
– Quand et comment utiliser la colère?
1. Définition de la colère
La colère est un état affectif violent, qui est provoqué par un fort mécontentement et qui se manifeste par de l’agressivité. On peut la définir comme une réaction qui entraîne l’homme à sortir de son état normal, pour se comporter selon un état second qui l’envahit à ce moment-là.
En règle générale, tout être humain possède une raison et un intellect, qui le protègent et l’empêchent d’agir selon ses instincts, mais lorsque quelqu’un se met en colère, il se libère des chaînes de son esprit pour donner libre cours à ses pulsions. Autrement dit, le corps n’est plus soumis au contrôle de la raison. À ce moment-là, la personne n’est plus elle-même, elle n’arrive plus à se maîtriser au point même parfois d’oublier ce qu’elle dit ou ce qu’elle fait.
À ce propos, le roi Salomon a déclaré : « Celui qui est lent à la colère a une grande intelligence, Mais celui qui est prompt à s’emporter proclame sa folie. » (Proverbes 14 :29) Le roi Salomon souligne ici la folie qui caractérise le colérique, car comme on vient de le voir, au moment d’une crise de colère, le corps n’est plus soumis au contrôle de la raison, c’est pourquoi le colérique agit de manière insensée.
Les Sages d’Israël, de leur côté, vont encore plus loin et utilisent des termes extrêmement durs pour définir une personne colérique en la comparant à un idolâtre. Il est dit : « Celui qui déchire ses vêtements dans sa colère, ou qui casse des objets dans sa colère ou qui dilapide son argent au moment de sa colère, doit être considéré à tes yeux comme un adorateur d’idoles, car c’est l’art du mauvais penchant. » (Guémara Chabbat 105b)
On va essayer de comprendre la raison de cette comparaison en reprenant les propos du Arizal (grand rabbin et kabbaliste biblique du 16ème siècle) qui a enseigné le secret suivant: « Lorsqu’un homme se met en colère, son âme pure (Néchama Kédocha) le quitte, et une nouvelle âme (Néfech) provenant des mondes de l’impureté vient prendre sa place. » (Chaar Roua’h HaKodech, Chapitre 7).
Pour appuyer ses propos, le Arizal se base sur un passage de la Torah, situé dans le livre de Job où il est écrit ceci : « Ô toi qui te déchires dans ta fureur, Faut-il, à cause de toi, que la terre devienne déserte? » (Job 18 :4)
Si l’on reprend la première phrase de ce verset, dans le texte en hébreu, on remarque la présence du mot « néféch »/« âme ». En effet, la phrase : “Ô toi qui te déchires dans ta fureur”, se dit en hébreu : « Toref nafcho béapo ». Le mot « nafcho » signifie « son âme ». Pour être plus proche du texte hébreu, on aurait donc pu traduire ce verset comme suit: « Il déchire son âme dans sa colère ». C’est pourquoi le Arizal nous révèle que lors de sa colère, la personne déchire, en quelque sorte, son âme, et une autre vient prendre sa place. On va tout de suite découvrir qui est cet « autre » qui prend alors sa place.
Au verset 10 du Psaume 81, il est dit : « Qu’il n’y ait au milieu de toi (en toi) point de dieu étranger! » Et qui est ce « dieu étranger en nous » ? C’est le Yetser haRa (le mauvais penchant) qui nous pousse à pécher. C’est pourquoi le colérique est comparé à un idolâtre, car à ce moment-là, il perd le contrôle de son esprit, laissant ainsi la place à un « dieu étranger », qui est son mauvais penchant.
Par conséquent, quelqu’un qui se met en colère sert son Yetser haRa et oublie que ce qui lui arrive vient en réalité de D.ieu. Il y a un principe fondamental de émouna (foi), dans le Judaïsme, qui se résume en une phrase : « Gam zou létova »/Ceci aussi est pour le bien » et qui repose sur trois convictions : 1. Tout vient de D.ieu / 2. Tout est pour notre bien / 3. Tout a un sens.
Sachant donc pertinemment que tout ce qui nous arrive est une conséquence de la Volonté divine, nous mettre en colère signifierait nous révolter directement contre Hachem (D.ieu) Lui-même !
Il y a certaines situations certes qui nous font vraiment perdre la maîtrise de nous-même et qui nous poussent à nous mettre en colère, mais cette réaction est vraiment à bannir de nos vies, car elle entraîne de nombreux dégâts, comme nous le verrons plus tard.
2. Origine de la colère
Essayons à présent de comprendre quelles sont les causes ou l’origine de la colère.
Rabbi ‘Haïm Vital (célèbre rabbin de la fin du 16ème siècle et début du 17ème) nous dit que la première source de la colère est l’orgueil. En effet, souvent, une personne se met en colère, car elle a été touchée dans son domaine privé, elle s’est sentie froissée dans sa sensibilité, ou plus précisément, dans son égo. « La colère c’est le cri de l’homme qui a été blessé dans son moi ».
En général, l’être humain recherche les honneurs, il désire avoir du mérite et lorsqu’une personne ne lui témoigne pas la considération qu’il souhaite recevoir, il s’énerve, car il pense qu’on lui manque de respect.
– Une autre raison à la colère est la frustration intérieure ou l’insatisfaction : C’est le fait de ne pas réussir à contrôler les événements extérieurs, c’est le sentiment que rien ne va comme on le souhaite (à la maison ça ne va pas, les enfants sont difficiles à éduquer, on n’arrive plus à communiquer avec son conjoint, on est stressé par le travail, on s’énerve avec les collègues, etc.). Ce genre de situations, lorsqu’elles sont mal gérées, peuvent amener à la colère.
– Le fait de rechercher un certain perfectionnisme peut également être à l’origine de la colère : les personnes qui exigent la perfection d’elles-mêmes et chez les autres nourrissent des attentes irrationnelles (impossibles à accomplir) et dès que cela ne se passe pas comme elles veulent, elles se sentent frustrées et agacées. Ces personnes sont en réalité trop exigeantes, elles doivent baisser leurs attentes.
– Enfin, le manque d’adaptation peut également provoquer une certaine colère. Les colériques exigent que tout se passe comme eux le veulent, sans prendre en considération la volonté, les sentiments des autres. Les personnes de son entourage doivent être à son service. Si quelque chose ne se passe pas comme ils le souhaitent, ils se mettent alors en colère. C’est pourquoi il est important de modérer nos attentes personnelles vis-à-vis de nous-même et d’autrui.
Maintenant que nous avons vu les principales causes de la colère, il est essentiel de faire une introspection et de voir quelle pourrait-être l’origine de votre colère.
Repérez les situations qui provoquent votre irritation. Cela vous aidera à trouver la source du problème et à mieux travailler sur votre caractère.
3. Les conséquences
À présent, regardons brièvement les conséquences de la colère.
– Une personne colérique s’autodétruit et détruit son entourage (les disputes s’enchaînent, les mauvaises paroles blessent le cœur, on a de la peine à pardonner, etc.) On rentre alors dans un cercle vicieux.
– La colère peut également provoquer des effets néfastes sur la santé. En effet, selon la médecine, la colère peut entraîner de nombreux troubles physiques (ulcères, troubles cardiologiques ou digestifs).
– Au niveau spirituel, comme on l’a vu, la colère génère de l’impureté à l’âme. Elle vient endommager toute la Néchama (âme) et la remplace par un « dieu étranger », le mauvais penchant.
Yéchoua, notre Messie, parle même du feu de la géhenne pour quelqu’un qui se met en colère : « Je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère mérite d’être puni par les juges; que celui qui dira à son frère: Raca! mérite d’être puni par le sanhédrin; et que celui qui lui dira: Insensé! mérite d’être puni par le feu de la géhenne. » (Matthieu 5:22)
Faisons donc attention à notre comportement, même si nous avons été blessés, essayons de remplacer le mal par le bien, comme il est dit : « Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais surmonte le mal par le bien. » (Romains 12 :21)
4. Conseils pour la personne colérique: comment contrôler sa colère?
Rav Dessler (un des plus grands maîtres de moussar/de morale juive du 20ème siècle) a expliqué que pour travailler sur un trait de caractère, peu importe lequel, il faut beaucoup de temps.
Le premier conseil donc est de s’armer de patience. Il faut savoir tout d’abord que nos Midot (traits de caractère) fonctionnent comme nos muscles : plus nous les faisons travailler et plus ils grossissent, mais si nous les laissons sans activité, ils diminuent jusqu’à s’atrophier. Il en va de même pour nos traits de caractère : si nous ne nous efforçons pas à les travailler afin de les améliorer, nous ne changerons jamais.
– C’est pourquoi, il est essentiel de commencer par prendre conscience de ses mauvais traits de caractère et de vouloir les changer. Pour cela, il faut procéder à une véritable introspection et faire téchouva (se repentir).
– Le Rabbi de Loubavitch nous donne un autre conseil, lorsque nous sentons la colère monter :
1. arrêtez-vous un instant / 2. respirez profondément / 3. attendez quelques minutes avant de réagir. Bien souvent, la colère se dissipe lorsque la chaleur du moment est passée. L’apôtre Yaacok/Jacques, le frère de Yéchoua, l’a formulé ainsi : « Que tout homme soit prompt à écouter, lent à parler, lent à se mettre en colère; car la colère de l’homme n’accomplit pas la justice de D.ieu » (Jacques 1 :19-20).
– Un autre conseil est de nous rappeler constamment qui nous regarde. Il sera ainsi plus facile de garder notre sang-froid quand nous savons que quelqu’un au-dessus de nous, Notre Divin Juge, nous regarde. Cette idée est utile pour faire face à la plupart de nos comportements négatifs.
– Il est également essentiel de nous rappeler que la personne ou la situation contre laquelle nous nous mettons en colère n’est qu’un messager envoyé de D.ieu qui souhaite nous tester dans le but de nous faire changer.
Face à des situations qui provoquent en nous des sentiments négatifs, il faut nous poser la question : « Qu’est-ce que D.ieu essaie de me dire en ce moment ? » Si nous croyons fervemment que ce qui nous arrive vient de D.ieu, nous nous fâcherions beaucoup moins souvent.
Pour continuer, la pratique d’un sport possède également de belles vertus pour canaliser sa colère. Le sport permet, en effet, de se défouler et de se libérer l’esprit. Choisissez donc celui qui vous convient le mieux !
– Eh bien sûr, comme pour toute chose, la prière est notre meilleure alliée! Ne nous gênons donc pas de demander le soutien du Tout-Puissant pour nous aider dans notre démarche de rectification de nos mauvais traits de caractère (si le sujet de la prière vous intéresse, nous vous conseillons de lire cet article: https://www.rencontrerdieu.com/project/la-priere-de-hanna-une-source-dinspiration/)
Une personne qui apprendra à contrôler, ou du moins, à réduire sa colère, sera surprise de voir à quel point sa vie et ses relations s’amélioreront, à la maison comme au travail!
5. Conseils pour les personnes qui subissent la colère des autres: comment réagir?
– Tout d’abord, n’essayez pas de calmer quelqu’un pendant qu’il est en colère (que ce soit un adulte comme un enfant), car, comme nous venons de le voir, la raison le quitte au moment de la crise, par conséquent, tout ce que nous lui dirons n’aura aucun effet sur lui, ne sera pas entendu, ou pire encore, l’agacera davantage. La meilleure attitude est d’attendre qu’il se soit calmé pour parler. Dans le même ordre d’idée, le roi Salomon nous prodigue ce conseil: « Une réponse douce calme la fureur, tandis qu’une parole dure augmente la colère. » (Proverbes 15 :1)
– Lorsque la personne se sera calmée, essayez de lui faire comprendre que son comportement vous blesse énormément et que votre patience a des limites, tout en lui rappelant que vous êtes à ses côtés pour l’aider à changer, si elle le souhaite.
– Essayez ensemble de comprendre l’origine de sa colère. Pour ce faire, examinez ensemble les situations qui engendrent une certaine colère et essayez d’en comprendre la raison.
– Enfin, continuez à prier, car les colériques sont parfois dans le déni (ils ne reconnaissent pas toujours leur erreur) et accusent les autres de les mettre en colère. Demandez la clémence et la miséricorde de D.ieu afin que la personne colérique se rende compte de son mauvais comportement et qu’elle soit poussée à changer. Rien ne sert de vouloir changer l’autre, le déclic doit venir de la personne même.
6. Alors quand se mettre en colère ?
Bien entendu, nous devons tout faire pour éviter de nous mettre en colère, mais il y a des circonstances où il est nécessaire de se fâcher au moins un peu, mais de façon « superficielle ». Que veut dire « de façon superficielle » ? Cela signifie que nous devons faire attention à garder le contrôle de nous-même. Lorsque cela est vraiment nécessaire, nous pouvons montrer une certaine colère dans le but d’inspirer de la crainte à autrui ou de lui faire remarquer qu’il a mal agi (ça peut être nos enfants qui ont fait une bêtise, des élèves indisciplinés, un collègue qui a fauté, etc.)
En d’autres termes, il est permis de simuler la colère sans jamais pour autant la laisser gagner notre cœur, c’est ce qu’on appelle en hébreu : Ka’ass haPanim : « La colère du visage », qui est une colère externe (elle ne vient pas du cœur), et dont le but est de faire passer un message, de réprimander quelqu’un ou pour montrer la gravité d’une erreur. Mais en aucun cas, il ne faut s’énerver intérieurement.
D’ailleurs, on raconte sur le Rav Eliahou Lopian (rabbin, d’origine polonaise, ayant vécu au 20ème siècle) qu’il ne réprimandait jamais ses enfants au moment de leurs bêtises, de peur d’en venir à une véritable colère, mais attendait toujours d’être parfaitement serein. Un jour, un de ses enfants a agi tellement mal que le rav a dû patienter deux semaines pour se sentir capable de le gronder sérieusement tout en restant calme intérieurement.
7. Conclusion
En conclusion, la colère est incontestablement un mauvais trait de caractère qui nous faut à tout prix chasser de nos cœurs, au risque de s’entendre dire par Hachem Lui-même que nous sommes des idolâtres!
Que nous puissions continuer à marcher dans les voies du Seigneur, sur le chemin de la kédoucha (sainteté) en corrigeant nos mauvais traits de caractère et en faisant fructifier les bons ! Amen!
À bientôt pour de nouveaux partages !
Sim’ha, Rédactrice pour le site RencontrerDieu au féminin
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Amen Amen Allelou-Yah, Merci PÈRE Yehowshuwa’ pour Tes Enseignements, merci pour ta servante Sim’ha. AMEN
Toda raba Sim’ha pour ce partage qui est important surtout pendant le compte du omer .
C’est un combat mais que l’on peut gagnier par l’étude et le travail sur soi. Qu’HaShem nous aide dans ce combat